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Agnès Kentish
Les débuts de la galerie
Depuis ses 20 ans, Agnès Kentish est collectionneuse de mobilier. D’abord Art Déco puis Années 40. Au début des années 80, elle s’associe avec Frédéric de Luca, avec qui elle développe la galerie En Attendant les Barbares dont l’inspiration est en totale rupture avec le style décoratif de l’époque..
Ils commencent par éditer deux débutants, Garouste & Bonetti. Très vite, la richesse et l’originalité de leurs sources d’inspiration leur confèrent le triple statut de designers, de décorateurs et d’artistes. D’autres designers tels Eric Schmitt et Olivier Gagnère, les rejoignent.
Peu à peu, s’établit le “style barbare”, dont la caractéristique est d’être adossé sur l’artisanat d’art et de faire appel à de multiples références esthétiques et historiques, souvent de façon iconoclaste, parfois à travers des éditions en série limitée et numérotée.
D’illustres collectionneurs, de Karl Lagerfeld à Pedro Almodovar adoptent immédiatement ce nouveau style. Peu à peu, les pièces barbares s’imposent et sont exposées dans plusieurs musées, à Paris, Londres, New York et Tokyo.
Dans la tradition des Arts Décoratifs Français, à la manière d’un Jean Royère ou d’un Jean Michel Frank, En Attendant les Barbares réintroduit la notion de mobilier d’exception et de sur-mesure.
En 1995, Frédéric de Luca décide de se concentrer sur ses propres créations, puis de se consacrer à la peinture.
L’éclectisme d’Agnès Kentish se retrouve alors dans la diversité des nouveaux designers qui rejoignent la galerie: Andrée Putman, Mathilde Brétillot, Christian Ghion, Eric Jourdan (Grand prix du Design Artparis 2013), Arik Lévy, Eric Robin, Matt Sindall.
Une parfaite maitrise de réalisation est apportée par des artisans d’art de haut niveau, tel Pierre Basse, ferronnier de Diego Giacometti, qui travaille en exclusivité pour la galerie, ou Bocquel, bronzier des Lalanne et de César.
En donnant à des designers la possibilité de se rapprocher des artisans d’art, pour des éditions rares et précieuses, Agnès Kentish a posé, il y a quatre décennies, les bases du «collectible design », tendance internationale du design du XXI° siècle.
Le livre
La consécration
Une approche non exhaustive permet à Garouste & Bonetti de renouveller sans cesse leur inspiration. Les matériaux utilisés sont multiples : fer forgé, fer forgé, bronze, bois, métal patiné, feuille d’or, parchemin. La poésie de leur démarche se reflète dans le choix des noms de les pièces. Lampe Lune, lampe Masque, Boite Couronne, canapé Topkapi, table Isis.
Garouste & Bonetti réintroduisent la notion de sur-mesure. Ils imaginent le concept de lignes déclinables: « Fourches», «Olympiade », « Feuilles ». Chaque design peut s’adapter à différents types de mobilier. Par exemple, une console se transforme en table basse, un guéridon, en table de salle à manger etc.. Les finitions, patine de fer ou de bronze, choix du bois ou de la feuille d’or, sont également choisies lors de chaque réalisation.
La séparation
Au début des années 2000, Garouste & Bonetti se séparent, laissant à Agnès Kentish le soin de continuer d’éditer leurs créations. Leur catalogue est impressionnant. Certaines œuvres ont été exposées dans des musées. Citons le Centre Pompidou, Musée des Arts Décoratifs (MAD), Victoria & Albert Museum (Londres), Grand Hornu (Bruxelles), Fondation Cartier, Musée Guggenheim (New York).
Aujourd’hui, leur cote auprès des collectionneurs en fait des classiques recherchés par les collectionneurs. Certains résultats atteignent des sommets, comme un fauteuil en fer forgé, vendu chez Sotheby’s 445 000 euros.
La suite de l’histoire
Après la séparation d’Elizabeth Garouste et de Mattia Bonetti, la galerie continue de les éditer, chacun séparément. D’abord Elizabeth Garouste, à qui elle a consacré deux expositions personnelles. Puis Mattia Bonetti, qui a développé une brillante carrière internationale. Eric Schmitt fait partie également des premiers designers. Il est fidèle à la galerie qui lui avait consacré une première exposition personnelle en 1990. Lors de l’exposition hommage « Diego Giacometti Forever », il aborde le domaine de la sculpture. Il est également très présent dans l’exposition « Fantasmagories », en 2022.
La galerie édite d’autres talents du design à qui elle donne l’occasion de découvrir le savoir-faire de ses artisans d’exception. Au fil du temps, Andrée Putman, Eric Jourdan (Prix ArtParis Design), Christian Ghion, Matt Sindall et Arik Lévy ont rejoint la galerie.
En 2009, lors d’une exposition personnelle, Andrée Putman, amie de longue date d’Agnès Kentish, présente « les Boites d’Andrée ». Considérant ce thème sous un angle large, elle développe et extrapole le concept de la boîte. Et passe avec aisance de la table de chevet au plumier, de l’ébène de Macassar, au bronze ou à la laque.
Entre créations sur-mesure et séries limitées, la galerie En Attendant les Barbares abolit la frontière entre art décoratif, art et design. L’objectif est de créer des rencontres entre artisans et designers, essence même du design de collection ou « collectible design »..
Le livre
En 2022, le MAD (Musée des Arts Décoratifs) a sélectionné plusieurs pièces de la galerie pour son exposition « Années 80 ». Certaines de ces pièces sont toujours produites, comme la lampe Lune de Garouste & Bonetti.
Ce parcours est retracé dans le livre d’Anne Bony, paru aux Editions du Regard : « Quatre Décennies de Design ».
Paru fin 2022, ce livre a fait l’objet d’une seconde édition.